Faire l’artiste n’était pas dans l’air du temps du Fouenant des années 60. J’ai donc fait le dessinateur industriel tout en continuant à dessiner la nature qui me passait sous l’œil.
J’avais évidemment remarqué les décors et entrelacs de l’église, des bijoux et meubles que nous possédions et étudié les traces du travail des Seizh Vreur.
Dès que j’en ai eu les moyens, je me suis empressé d’acheter un livre de Georges Bain et une copie du Book of Kells où je fus content de constater que la règle et le compas n’étaient pas totalement absents.
Lorsque j’ai acheté le recueil des travaux de Charles Le Roux sur l’ornementation bretonne des XVIe et XVII e siècles, j’ai constaté qu’il ferait également un bon livre pour apprendre à se servir de la règle et du compas.
À défaut de m’amener à faire l’artiste le dessin industriel m’aura finalement permit d’approcher cet art populaire de l’ornementation bretonne dont je soupçonne cependant qu’à l’origine il ne devait pas être si populaire que cela.
À défaut de comprendre la symbolique originelle de ces dessins, j’y trouve matière à réinventer des formes. Dans le livre sur les travaux de Charles Le Roux, la page 91 montre une méthode de construction d’un décor que l’auteur avait appelé toc’had lagadennet (épis ocellés).
J’aime assez ce motif et à force de le détourner j’ai fini par l’utiliser pour écrire le P du mot Peoc’h (Paix).
Je n’avais utilisé le motif que pour la lettre P. Le dessin resta dans cet état plusieurs mois avant que je m’aperçoive qu’il pouvait être décliné en un alphabet entier.
À vrai dire le résultat est un peu empâté et il ne permet guère d’écrire que les titres. Il est trop gras pour un texte complet, mais nous verrons bien ce que cela donnera avec le temps, ce qui est sur c’est que nos vieux motifs graphiques n’ont pas fini leur carrière, malgré ce que voudrait faire croire la maxime ci-dessous.
Chaque chose passe avec le temps