Petit conte en forme d’interrogation pour palier au crash de mon Mac (sur IPad, ça le fait, mais c’est moins facile).
… Afallen beren a dyf tra Rhun. Cywaethlyswn yn ei bon et bodd i fun. A’m ysgwyd ar fy ysgwyd a’m cledd ar fy nghlun …
… Un doux pommier pousse derrière le Rhun. J’ai danse sous ses branches pour plaire à une femme. Avec le bouclier à l’épaule et l’épée dans la main …
Zeus ne fut donc pas le seul à danser sous un arbre pour séduire une femme et il y a de fortes chances que la belle Europe ne fut pas la seule à succomber aux démonstrations d’un guerrier.
On sait en effet que les hommes de guerre dansaient.
… E vo gwelet ur c’hadour keltiat, hag-en mentet ramzel, oc’h ober ur c’horoll-brezel d’Irak arme ar Romaned ; derc’hel à rae ur c’hleze e pep dorn hag ur skoed a oa en e vrerc’h kleiz ; e noaz-dibourc’h e oa, nemet un dro-c’houzoug en e gerc’hen ha troiou-brec’h en e azorniou … (NOTK. Pd XII, Knn III, p. 421)
… On vit un guerrier celte, gigantesque,exécutant une danse de guerre devant l’armée romaine ; il tenait une épée dans chaque main et un bouclier était passe à son bras gauche ; il était nu, avec seulement un collier autour du coup et des bracelets aux poignets …
En réalité, il semble bien que la danse puise souvent son inspiration dans la guerre ou le conflit. Ceux du XXe siècle ont bel et bien formaté les corps et la pensée. Apres la deuxième mondiale, l’Allemagne invente une danse d’expression nourrie du chaos ambiant tandis qu’aux Etats-Unis, les artistes réagissent au consumérisme et la guerre du Vietnam.
Il est donc fort probable que Grallon, grand guerrier Cornouaillais dansait. Diwar ar vrud, (d’après la légende) il serait allé vers le nord à la tête d’une flotte, guerroyer sous les murailles d’une puissante cité. Lassée d’un siège qui s’éternisait et fuyant l’hiver qui s’annonçait, son armée l’abandonna sur la grève avec un seul navire et quelques fidèles.
Les textes ne décrivent pas exactement une danse, mais l’évocation de la belle subjuguée par le beau guerrier aux muscles luisant sous l’éclat de la lune y fait penser. La suite est souvent confuse, la naissance d’Ahes laisse à penser qu’il y eut bien, sous les murailles ou sous un pommier ce qui semble plus conforme à l’usage, une danse de séduction. Par contre la naissance de la Princesse et la mort de la Reine à bord du navire sont peu crédibles (les bateaux de ce temps n’étaient pas fait pour la croisière).
On ignore cependant ou le guerrier emporta la belle. Merlin, dont la prophétie date peu ou prou de la même période, aurait écrit son texte pendant sa retraite en forêt de Celyddon (Caledonie) peu après la défaite d’Afderydd (près de Carlisle en 573). Le texte situe clairement un des pommiers au milieu de la forêt et un autre sur un promontoire, peut-être à proximité d’une forteresse. Cela nous indique qu’il y avait bien des pommiers au nord de l’île de Bretagne.
Grallon à donc pu séduire sa belle avant de l’enlever (Zeus n’a pas eu cette délicatesse), mais cela ne nous dit rien du lieu de la lune de miel. Il est cependant probable que les amoureux soient descendu vers des contrées plus clémentes. De ce point de vue le Llydaw (l’Armorique) a toujours été apprécié des Bretons de la grande île bretonne. On sait également que les Cornouaillais se sont installés dans ce qui est aujourd’hui la Cornouaille car ils y avaient déjà quelques habitudes.
On peut donc raisonnablement penser que Grallon et Maelgwenn y sont venus. On peut même imaginer que la ville d’Ys à été conçue, pour plaire a la Reine, sur le modèle de la forteresse du nord. L’histoire de sa fin nous dit cependant qu’elle n’en vit jamais les murailles.
Reste que l’on sait pas vraiment ou se situait la ville d’Ys. La légende est suffisamment floue pour que plusieurs sites soient possibles. Peut-être faudrait-il rechercher le souvenir d’un pommier aux ramures assez vastes pour servir de théâtre à une danse de séduction. Nous pourrions alors savoir ou le guerrier Grallon emporta Maelgwenn.