II LA SILHOUETTE DES ARBRES
Dans un verger, un des critères de détermination d’une variété est l’allure de l’arbre, son port naturel, qui est la silhouette qu’il arbore en poussant sans contrainte dans un lieu dégagé et stable.
Cette silhouette lui est propre et dépend de son patrimoine génétique. Elle peut cependant être affectée par le vieillissement, l’environnement, la compétition entre différents sujets (dans un bois), les conditions climatiques (le vent sur la cote), la présence d’animaux sauvages ou domestiques et enfin par l’action des hommes (la greffe, la taille, etc…) qui s’avère souvent le facteur le plus déterminant.
Un arbre peut être identifié par sa silhouette caractéristique. Il est cependant nécessaire de confirmer l’espèce par d’autres particularités comme les feuilles, les fleurs ou les fruits.
On distingue deux grandes familles d’allures :
Les plants sont dits “acrotone”, lorsque les rameaux placés au sommet sont les plus développés, tandis qu’ils sont dits “basitone”, lorsque les rameaux se développent à partir de la base.
Acrotone
Basitone
Si les arbres poussant sans contrainte sont reconnaissables à leur port naturel, dans le cas d’un verger à fruits, ils sont greffés et présentent tous un tronc à peu près droit, standard, dont la hauteur peut varier en fonction du mode d’exploitation.
On trouve ainsi des “basses-tiges” dans les vergers intensifs, avec des troncs courts, ou au contraire des “hautes-tiges”, dans les vergers plus soucieux de qualité que de rendement, dont les troncs sont assez hauts et les arbres bien plus beaux. Il existe évidemment des vergers “moyennes tiges” à la hauteur de tronc adaptée aux spécificités de l’exploitation et au ramassage mécanique. Si la détermination d’une variété par sa seule silhouette peut donc être aléatoire, chacune présente tout de même ses caractéristiques particulières.
Quelques ports naturel d’arbres.
Port boule
Port pleureur
Port érigé (en V)
Port étalé
On peut également cité le port fastigié (Peuplier d’Italie), le port pyramidal qui peut en être proche, le port ovoïde (Tilleul argenté) le port en cépée (Bouleau) ou le port tortueux qui comme son nom le laisse présager, peut prendre une drôle de forme.
Quelques exemples de silhouettes de pommiers à cidre.
Pour classer les arbres, une méthode consiste à relever l’angle d’inclinaison des branches par rapport au tronc, à croiser ces données avec son allure générale et le comportement des rameaux. Cela permet de dresser un tableau des types et de rapprocher par observation, chaque variété à un type précis.
En réalité il n’est pas simple pour le novice de s’y retrouver une fois dans le verger, surtout si les arbres sont anciens, n’ont pas ou peu été taillés, s’ils portent la trace du passage d’une tempête ou s’ils sont plantés dans un recoin à l’ensoleillement défaillant (près de grands châtaigniers par exemple).
Plutôt que de s’y perdre, voici quelques types d’arbres tels qu’on peut en voir en nos contrées avec les commentaires pragmatiques qu’on peut en faire :
Beleien
Arbre vigoureux au port très érigé avec des rameaux plutôt aérés.
Kermerrien
Arbre très vigoureux au port érigé, à la charpente solide avec des rameaux assez denses.
Person
Arbre moyennement vigoureux, semi érigé, charpenté avec des rameaux assez aérés et plutôt étalés.
Médaille-d’argent-Kap-Kozh
Arbre vigoureux, étalé et ascendant, aux rameaux peu denses qui ploient sou le poids des fruits.
Prad-yod
Arbre robuste et vigoureux au port étale avec des rameaux denses et buissonneux
C’hwerv-brizh
Arbre vigoureux en dôme retombant dont on notera l’anarchie des rameaux, denses et buissonneux.
Si ces quelques arbres sont connus et correspondent assez aux descriptions que l’on peut en trouver, il en est d’autres pas ou peu décrits. Parfois les différents exemplaires visités semblent assez différents et on peut se demander en voyant les photos ci-dessous lequel des deux est le bon c’hwerv-brav ? Nous finirons bien par le savoir.
C’hwerv-brav (I)
C’hwerv-brav (II)
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