À deux pas de la Cathédrale Saint Corentin, qui parfois s’illumine de joyeuses couleurs, les dégustation du Sistrot, réunissent à intervalles irréguliers un groupe de producteurs Cornouaillais. Ces réunions sont devenues au fil du temps une parution suivie par de nombreux amateurs de bons cidres, des “#ciderlovers” selon l’expression du moment. La maison des quais de l’Odet voit donc passer des critiques cidricoles, comme Susanna Forbes venu du Herefordshire découvrir la collection rassemblée par Ronan Gire. Depuis quelques temps également, des producteurs, nouveaux ou bien établis, s’arrêtent déposer des bouteilles pour nos dégustations. Heureusement qu’il faut “venir à Quimper”, et que l’on ne s’y arrête pas au passage, sinon nous serions submergés. Nous avons donc pas mal de bouteilles d’ici et d’ailleurs en réserve. Pour cette soirée Ronan avait concocté une sélection de cidres bretons, normands et percherons généralement peu connus.
Cidre Le Maître – Demi-sec (22).
Nous avons commencé la soirée par un cidre demi-sec de chez Daniel Le Maitre. La cidrerie est installée depuis plus de vingt ans au Croasty, entre Maël-Carhaix et Glomel. L’établissement perpétue l’ancienne tradition des cidres du Kreiz-Breizh (Centre-Bretagne) et dispose d’un beau verger, planté à la fin des années 80, abritant des variétés traditionnelles (Dous-rous-bihan, Penn-ognon, Greniere, etc.).
Au service il est orange, un peu voilé et laisse une petite couronne de mousse. Le nez propose de l’agrume sur de la pomme mure, avec quelques notes fermentaires. La bouche est un équilibre de sucre et d’amertume, sans toutefois beaucoup d’amplitude ni trop d’arômes. La finale est relativement brève, mais c’est un cidre sans défaut, un bon standard qui trouve sa place au bar comme sur la table
Cidre Saint Laurent (29).
C’est une création récente, à Saint Thois, en haute Cornouaille, où Stéphane Rospars, producteur amateur de longue date, a décidé de franchir le pas. Il a donc “fait le Robillard” à Caen (unique école spécialisée) et démarre son activité de transformation avec une première cuvée mis en vente cette année. Si un nouveau verger a été planté, il faudra attendre quelques années avant de savoir ce que donneront ses fruits. Pour l’heure l’approvisionnement se fait avec des variétés traditionnelles locales dans les petits vergers environnants.
Bel effet de mousse au moment du service, bel orangé légèrement voilé, peu d’activité dans le verre. Le nez est un petit peu évolué sur un beau fond de pomme. En bouche, il est un peu gras, et à peine astringent, un peu fumé avec une finale moyenne. C’est assez typique des cidres de la vallée de l’Aulne aux pommiers élevés sur schiste.
Domaine du Ruisseau (61).
Engagés depuis plusieurs années dans une démarche qualité, les cidres du Perche travaillent a faire reconnaître leur spécificité. Le Domaine du Ruisseau, tenu par Jean François Leroux, fait partie des artisans de ce renouveau, avec l’appui du Parc Naturel Régional du Perche. Nous n’avons pas la liste des pommes utilisée, mais les cidres du Perche sont souvent des assemblages réunissant des Bedan, Locart vert, Locart-jaune ou Tardive-de-la-Sarthe.
À l’œil, l’effet de mousse est un peu bref, la couleur ambrée et il y a peu de mouvement dans le verre. Le nez est peu expressif, si ce n’est un coté fermentaire appuyé, en première intention car la pomme se fait plus présente au bout de quelques minutes. En bouche, il est équilibré, frais avec un peu de lourdeur. C’est un bon cidre, nos dégustateur ont juste regretté de ne pas y trouver un caractère plus affirmé qui construirait un souvenir plus durable.
Chantiers d’Automne à Concoret (56).
Concoret est un village connu pour son Centre de l’Imaginaire Arthurien. Les Chantiers d’Automne sont une opération initiée en 2002 par le Réseau des Conservatoires d’Espaces Naturels, qui propose à l’attention des bénévoles, entreprises ou associations d’insertion, des actions de gestion de la nature et des territoires. Il existe donc une Association Chantiers d’Automne à Concoret qui s’attache à valoriser les paysages de vergers haute-tige et les variétés traditionnelles de pommes, avec les quelles ils produisent du jus de pomme et du du cidre, dont nous avons pu tester une bouteille.
Le “Temps Presse” est un cidre 2015 à la bouteille capsulée et l’étiquette amusante, mais assez avare en information. Au service l’effervescence est standard avec une couleur orange sombre et peu de mouvement dans le verre. Le nez est complexe avec de la pomme, du bois et une note anisée. La bouche est assez âpre, un peu astringente avec un goût affirmé de pommes amères qui persiste un bon moment. C’est un cidre assez rude où l’amertume prend le dessus et qui gagnerait à plus de fruité.
Cidre du Pays de Caux (76).
Vincent et Marie Claire Godefroid prosuisent du cidre à l’Écomusée de la Pomme et du Cidre de Bretteville-du-Grand-Caux, un domaine tenu par une même famille depuis quatre générations et qui s’attache a préserver les traditions paysannes locales dont des variétés de pomme à cidre telles que l’Antoinette, la Saint-Nicolas, la Bedan des parts, la Brannetot ou la Rossignol. Nous avons pu tester un cidre brut de la récolte 2015.
Au service, l’effet de mousse est impeccable, la couleur jaune orangée attirante, tandis que le verre est peu animé. Le nez avoue l’âge de la bouteille, mais se stabilise au bout de quelques instant pour pour offrir un peu de vieillissement sur du fruit mûr, sans doute plus présent sur des cuvées plus jeunes. La bouche, un peu dépouillée, est acidulée, sans excès, avec du fruit et une petite astringence en fin de bouche. Les dégustateurs ont regretté ne pas disposer d’une bouteille plus jeune qui aurait pu apporter une meilleure homogénéité, mais ont unanimes a saluer ce produit.
Notre soirée s’est poursuivie avec des cidres de la carte du Sistrot qui évolue au gré des trouvailles de Ronan Gire et s’internationalise à petite dose. Notre équipe réunissait Valérie du Cidref, Brieug et Marine de Kermao, Claude de Menez-Brug, Paul des Cidres Coic, Gwenael des cidres Le Brun, accompagné de Mathilde. Merci à eux et merci à Ronan et Erwan Gire du Sistrot pour leur accueil.
Toutes nos excuses aux cidres Le Maître et Saint Laurent dont les photos de bouteilles ont été perdues, mais pas le souvenir de la dégustation de leur cidre.