En septembre 2012 le macgleoblog racontait cette histoire de skell (car il manque quelque chose à ce dessin pour qu’il représente vraiment une aile / askell). On trouvera à l’adresse suivante : https://www.macgleo.com/blog/2012/09/05/une-histoire-de-skell/ ce que cela donnait en ce temps là. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis et le temps de la retraite (fort occupée) étant arrivé, les esquisses et dessins se sont accumulés. Il se trouve qu’avec l’ami Claude Le Brun, nous avons continué à travailler (un peu) quelques contes (harpe & voix) qui ont tous le bord de mer pour cadre et racontent les Yann ’n aod, Huître bleue ou Les droits de l’homme, entre autres histoires salées. De tout cela a fini par émerger une série Marvailhoù an traezh-bev (les merveilles de l’estran) qui peut prendre des décors de fond différents suivant les utilisations et suivant les sujets. Cependant, les douze sujets de cette présentation sont disposés sur un fond unifiée (de simples spirales doubles), avec juste un titre.
1 – Ahes, priñsez Kêriz (Ahès, la princesse de la ville d’Ys). Suivant les versions de l’histoire elle peut également être appelée Dahut. Cette jeune femme, victime d’un infanticide encouragé par un individu présenté comme “saint”, aimait bien faire la fête. On notera que de ce point de vue les choses n’ont guère évoluées depuis l’époque supposée de cette histoire, de jeunes femmes subissent encore la furie de certains hommes et des jeunes gens aimant faire la fête se retrouvent encore en prison pour cette simple raison.
2 – Ar soner war ar varrikenn (le sonneur sur la barrique). Il s’agit d’un clin d’œil à mon vieux camarade Jean Yves Le Pape, trop tôt disparu, dont la dextérité instrumentale s’est exprimée au binioù-kozh, à la cornemuse écossaise et surtout au uilleann-pipe irlandais dont il fut un des meilleurs spécialistes en Cornouaille. JeanYves était de Tréguennec, petit village du long cordon dunaire de la baie d’Audierne où nous allions parfois arpenter la grève en refaisant le monde.
3 – Ar vag e-toull an inizi (le bateau dans la direction des îles). Dans les mouillages du fond de la baie de La Forêt, les bateaux larguant leurs amarres mettent cap au sud, en direction des Glenan, on ne peut guère faire autrement. Il y a cependant une autre raison qui date du temps où l’archipel n’était pas encore un “spot” touristique, mais plus simplement une zone de pêche et une escale d’autant plus appréciée que les autorités n’y étaient pas encore assez présentes pour faire taire les fêtards.
4 – An avalenn-nij (le pommier volant). Extrait d’un conte pour enfants (petits et grands) que l’on peut visionner à partir du macgleoblog https://www.youtube.com/watch?v=xjiuqXnAiac , ce pommier volant devrait connaître de nouvelles aventures. En attendant, il a tout a fait sa place dans cette série ou le fantastique et le rêve côtoient des histoires parfaitement véridiques. On notera que ces dessins datent de 2015 et le triskell original d’où sont issus bien des sujets de cette série, ouvre le générique.
5 – Barrikenn an traezh-bev (la barrique de l’estran). C’est ici une illustration de cette histoire que racontaient les anciens cidriers du Faou (on est ici vers le nord de la Cornouaille) à propos des bateaux qui venaient prendre des barriques de cidre tout au long de l’Aulne maritime afin de livrer Brest (le Leon produit des légumes, mais peu de cidre). Après quelques échanges très doctes sur les pommes et le cidre, ils en arrivaient toujours à évoquer ces chargement parfois épiques, cela dépendait de la marée, et les histoires de fûts tombés à l’eau. Que l’on se rassure aucune de ces futailles n’a été perdues, mais quelques cidriers en ont été quitte pour un bon bain.
6 – Un den-teñva war an aod (un dégustateur sur la plage). Ce dessin s’appelle également le nez dans le verre, une pratique qui fait partie de la gestuelle de l’art de la dégustation. Il se trouve que de très bonnes bouteilles de cidre proviennent de cidreries jouxtant la mer. Cela n’est pas seulement vrai en Cornouaille, d’autres terroirs, bretons, normands et ailleurs n’ayant de ce point de vue rien à nous envier. Si quelques restaurants et crêperies de la côte proposent de grand cidres à leur carte, une dégustation en fin de matinée en bord de plage c’est toujours un bon moment.
7 – Evnigoù Kêriz (les oiseaux de la ville d’Ys). Un tableau du Musée des beaux arts de Quimper montre Grallon et Gwenole abandonnant Ahès au flots. Une raison suffisant pour convoquer des oiseaux du large assez effrayants pour convaincre fuyards de l’horreur de leur crime. À l’origine, ces oiseaux ont été imaginés pour illustrer le Le Songe de Ronabwy, un conte gallois au cours duquel les oiseaux d’Owein attaquent les chevaliers d’Arthur, mais ils ont semblé assez méchants pour s’attaquer aux fuyards de la ville d’Ys.
8 – Gwrac’h an enez Loc’h (la Sorcière (où la fée) de l’île du Loc’h). C’est le titre d’une légende bretonne où les protagonistes sont des Leonards courant avidement après la fortune et s’en remettant à quelques “Saints” de leur catalogue (la Cornouaille est pour les Leonards un lieu de perdition). Une autre histoire, cornouaillaise pour le coup, entretient la légende de Houman, un Vikings qui aurait fait naufrage sur l’île du Loc’h et y aurait caché un trésor, le laissant sous la garde du fantôme d’une princesse Viking.
9 – Baleer traezh Kermil (le promeneur de la plage de Kermil). C’est un vieux rêve de musicien de la côte sud, aller jouer à la grande marée basse sur l’estran, un air suffisamment mélodieux et dansant afin de pouvoir admirer les sirènes se trémousser sur les flots. C’est pour cela qu’il peut vous arriver d’en croiser scrutant la grève à la recherche du meilleur endroit pour s’installer. Ah oui, les sirènes ne se laissent approcher que la nuit à la condition que la jauge soit réduite au minimum et que l’on respecte la distanciation réglementaire.
10 – Maen-sav Gwirioù mab-den (le menhir des Droits de l’homme). C’est l’exact profil de la pierre dressée sur la plage de Kanté à Plozevet. Ce monument a été érigé par Elie Pipon, un officier Britannique qui fut sauvé lors du naufrage du “Les droits de l’homme”, le premier navire lancé par la jeune République Française et qui faisait là son voyage inaugural. Avec Claude Le Brun, nous donnons une version (harpe et voix) de cette histoire, vue par Elie Pipon. Il est incroyable, eut égard au nom du bateau, que ce soit un Anglais qui ait pallié au désintérêt des autorités Françaises pour les centaines de victimes de cette tragédie.
11 – Marivorgan (la sirène) On ne sait à quoi ressemblent les sirènes mais elles doivent disposer d’assez d’arguments pour qu’aucun de leurs admirateurs ne soit revenu d’en avoir croisé une. On peut donc tout imaginer, ce qui est certain c’est qu’elle éclairent toujours les fonds marins de leur resplendissante lumière. Celles du monde celtiques n’échappent pas à la règle et nos légendes prétendent que ces femmes de la mer (plus généralement de l’eau) sont responsables de la disparition de bien des héros (elles connaissent cependant parfaitement la route pour l’île d’Avalon).
12 – Yann an aod (Jean de la grève). Ce personnage légendaire est tout simplement l’équivalent de l’Ankou sur les cotes bretonnes. Comme son alter-ego des campagnes, c’est le dernier disparu de l’année qui se charge de la besogne toute une année suivante. En l’occurence c’est lui qui précipite à l’eau les matelots en mer, fait tomber du quai les imprudents et retient trop longtemps les pêcheurs à pied quand revient le flot. Notons que ceux qui s’en sont amusé n’ont guère connu le succès, il y avait ainsi une boite de nuit à ce nom dans mon village, ça n’a pas duré bien longtemps.
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